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Première maison des Ursulines à Québec

Aquarelle de Louise Godin o.s.u.

Les élèves externes et pensionnaires chez les Ursulines.

Au temps de Marie de l’Incarnation.  Dès le départ, le lieu où elle recevra les filles françaises et amérindiennes, externes et pensionnaires se nomme :  le Séminaire Saint-Joseph.  À lire son récit, constatons comment son amour et son respect pour la dignité de chaque personne est grand.

On parle de nous donner deux filles de cette nation (la nation Huronne) avec deux Algonquines, outre dix-huit dont notre Séminaire a été rempli, sans parler des filles externes qui y viennent continuellement. Je vous dirai, Madame, que l'on ne croira que difficilement en France les bénédictions que Dieu verse continuellement sur ce petit Séminaire. Je vous en reporterai quelques particularitées afin de vous faire part de notre consolation.

La première Séminariste Amérindienne qu'on nous donna appellée  Marie Negabmat  était si accoutumée à courir dans les bois que l'on perdait toute espérance de la retenir dans le Séminaire.  Le R. Père le jeune qui avait porté son Père à nous la donner, envoya avec elle deux grandes filles Amérindiennes Chrétiennes qui demeurèrent quelque temps avec elle pour la fixer ; mais ce fut en vain, car elle s'enfuit quatre jours après dans les bois ayant mis en pièces une robe que nous lui avions donnée. Son Père qui est un excellent Chrétien et qui vit comme un saint lui commanda de revenir au Séminaire, ce qu'elle fit.

 Elle n'y fut pas deux jours qu'il y eut un changement admirable. Elle ne semblait plus être elle-même, tant elle était portée à la prière et aux pratiques de la piété Chrétienne, en sorte qu'aujourd'hui elle est l'exemple des filles de Québec quoi qu'elles soient toutes très bien élevées.

En ce même temps, on nous donna une grande fille âgée de dix-sept ans appellée Marie Amiskvian . Il ne se peut rien voir de plus souple ni de plus innocent ; ni encore de plus candide, car nous ne l'avons pas surprise une seule fois dans le mensonge, qui est une grande vertu dans les Amérindiens.

Marie Magdelaine Abatenau nous fut donnée encore toute couverte de petite vérole et n'ayant encore que six ans. A cet âge elle seule avait servi son Père et sa Mère dans la maladie dont ils moururent, avec tant d'adresse qu'elle tenait en admiration tous ceux qui la voyaient. Il ne se peut rien voir de plus obéissant que cette enfant.  Marie Ursule Gamitiens fillole n'est âgée que de cinq à six ans ; toute petite qu'elle est, elle ne nous donne pas de peine à lui faire faire son devoir de Chrétien, car elle n'est pas plutôt éveillée qu'elle se met d'elle-même en demeure de prier Dieu. Elle dit son Chaplet durant la Messe, et chante des cantiques en sa langue Amérindienne. Agnès Chabdikuchich nous fut donnée en même temps.

Nicole Assepanse nous fut donnée le même jour âgée de sept ans. Ses parents qui sont des plus considérables entre les Sauvages nous prièrent de la recevoir pour un temps parce qu'elle ne les pouvait suivre à la chasse.

Lettre à une Dame de qualité 3 septembre 1640

 

Par Jocelyne Mailloux o.s.u.

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