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Deuxième monastère des Ursuline

 Crédit photo Fonds-Daniel Abel

Habiter le territoire :

 

Habiter ce territoire n’est pas une mince affaire, principalement à cause de la rudesse du climat. Voici ce que Marie de l’Incarnation nous dit des habitations des premières nations qui peuplent le territoire.

(…) ils n'ont point de maisons de charpente, seulement des cabanes d'écorces soutenues de grosses perches de cèdre, qu'ils démontent lorsqu'ils veulent aller à la chasse dans les grands bois où, généralement, tous vont hiverner ; au printemps, ils reviennent en leur lieu. C'est la façon des Algonquins, car les autres nations sont sédentaires.(Correspondance CCLI)

De son côté, dans sa première habitation sur le bord du fleuve, l’ursuline a un confort rudimentaire.

(…) On ne croirait pas les dépenses qu'il nous a fallu faire dans cette petite maison, quoiqu'elle soit si pauvre que nous voyons par le plancher reluire les étoiles durant la nuit, et qu'à peine y peut-on tenir une chandelle allumée à cause du vent. (…) Il nous semble que nous sommes trop bien pour le Canada, où pour mon particulier je m'attendais de n'avoir pour tout logement qu'une cabane d'écorce. (Correspondance XLIII)

En 1642, la religieuse s’installe enfin, dans le monastère de pierre, à l’emplacement qu’il occupe encore de nos jours. 

[Cette bâtisse] est toute de pierres, elle a 92 pieds de longueur et 28 de large : c'est la plus belle et grande qui soit en Canada pour la façon d'y bâtir . (Cor. LXXX)

Elle comporte 3 étages et se situe sur un terrain de 6 arpents, dont la clôture est faite « de grands pieux d'arbres entiers de 10 pieds de haut accommodez avec de la charpente. (Cor. LXXX).

Par contre, cette nouvelle habitation ne semble guère plus facile à vivre en raison du grand froid qu’il y fait.

 (…) la demeure ordinaire pour lire, écrire et étudier est de nécessité auprès du feu, ce qui est une incommodité et assujettissement extrême, particulièrement à moi, qui ne me chauffais jamais en France. Nos couches sont de bois qui se ferment comme une armoire ; quoi qu'on les double de couvertes ou de serge, à peine y peut-on échauffer. L'hiver, nos sauvages quittent leurs maisons de pierres et vont se cabaner dans les bois où il ne fait pas tant de froid.

L'on met 5 ou 6 buches à la fois, car on ne brûle que du gros bois, et avec cela, on se chauffe d'un côté et de l'autre, on meurt de froid. À 4 cheminées, nous brulons l'année, de laquelle l'hiver dure 6 mois, 175 cordes de bois.  (Cor. LXXX)

Après l’incendie de 1650, la religieuse sans quitter le cloître, habite à nouveau dans une petite maison :

Nous logeons dans une petite maison qui est à un bout de notre Clôture de trente pieds de longueur et de vingt de largeur : Elle nous sert d'église, de parloir, de logement, de réfectoire, d'offices et de toute autre commodité, excepté la classe que nous faisons dans une cabane d'écorce. (Cor. CXXXV)

C’est à l’aide du savoir-faire des autochtones, qu’un bâtiment provisoire accueille les élèves.

Librement inspiré du texte de Lucie BARLETT-JEFFREY   Marie Guyart ou l’éclatante Vastitude, dans :  Marie Guyart de l’Incarnation, Singularité et universalité d’une femme de cœur et de raison, Presses de l’Université Laval, Québec, 2019, p. 293-304

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